samedi 12 mai 2012

La Havane & Varadero

Hola Amigos!
(les commentaires d'Arnaud sont en bleu)

Après quelques mois d’expatriation à Kaluga et un long hiver russe, nous avons décidé de partir au soleil. Nous voulions voyager une 10aine de jours avec un mix de visites et de repos. Evidemment Arnaud voulait retourner à Miami, pas moi ! Non pas que je n’aime pas Miami mais moi, j’ai envie de découvrir d’autres endroits. Ca faisait déjà plusieurs années que je proposais Cuba mais monsieur était contre : le régime, la censure, tout ça tout ça. Suite aux quelques petits signes de détente du régime, Arnaud s’est décidé à craquer et nous voilà décidés pour 4 jours à La Havane et 6 jours à Varadero, une des plus belles plages des Caraïbes.
Comme d’habitude, nous achetons quelques guides touristiques tels le Guide du Routard et le Lonely Planet. On nous prévient du manque de certains produits de consommation courante comme le savon, le papier toilette (super…) et autres produits d’hygiène ainsi que les médicaments (qui viennent des Etats-Unis donc avec l’embargo, … bah voilà !). Nous bourrons nos bagages de quelques médicaments courants : antibiotiques à spectre large, Paracétamol, Ibuprofène, Aspirine, Smecta, Imodium, des classiques quand on voyage. Nous amenons également des savons que nous laisserons aux femmes de chambre en guise de pourboire.
Nous ne voyageons donc toujours pas léger entre les vêtements de touristes et ceux pour la plage ainsi qu’environ 30 litres de crème solaire Indice 8000.
Arnaud nous a sélectionné un superbe hôtel au cœur de La Havane avec une piscine en pleine ville ! Cet hôtel est classé luxe mais le luxe à Cuba, ça peut être juste un savon alors ne nous laissons pas impressionner.

Nous arrivons à l’aéroport de La Havane avec un temps splendide. Nous atteignons notre hôtel par une superbe route qui nous paraît pétante neuve. Serait-ce pour impressionner les touristes tout fraichement débarqués de l’aéroport ? Si c’est le cas, ça marche !
L’hôtel est une impressionnante maison coloniale en parfait état avec une cour intérieure. Notre chambre est dans un étage élevé, avec une splendide vue sur la ville et l’océan (au loin quand même, nous ne sommes pas au bord de l’eau). La chambre est sobre et la déco est datée mais ce doit être ça le charme de Cuba…

La nuit tombe très vite sous les tropiques. Nous décidons d’aller dîner en ville. Nos guides nous vantent les qualités des restaurants de La Havane dont la Floridita, camp de base d’Hemingway quand Cuba était encore la destination de prédilection des Américains pour faire la fête. Le daïquiri est sa spécialité (à la Floridita et à Hemingway…). Une statue de bronze du célèbre écrivain est d’ailleurs installée au bar, où il y avait sa place attitrée.
L’endroit se veut chic mais c’est délicat : le mobilier a vécu, les nappes et les serviettes également, les tenues des serveurs aussi… Tout est un peu vintage, mais pas dans le bons sens du terme. Malgré cela, les clients sont élégants (sauf nous, on est en mode touristes donc en baskets poussiéreuses et en sac à dos à fleurs). On passe une soirée quelque peu décalée dans une ambiance chic-croulante pas si désagréable. C’est pas ça qu’on est venu chercher à Cuba finalement ?

Le lendemain matin, nous partons à l’assaut de la ville. De vieilles voitures américaines de couleurs vintage sillonnent la ville. Nous pensions bien en voir mais nous supposions qu’il y en avait encore quelques-unes, juste pour les touristes. Mais pas du tout, elles sont nombreuses et les habitants les utilisent tous les jours. A priori, elles se passent de génération en génération et sont strictement interdites d’export. Elles sont plutôt en très bon état, mais les moteurs ne sont plus d’origine (tu m’étonnes, depuis les années 60 !...). Il y aussi plein de veille Lada rafistolées comme les américaines, mais bizarrement elles ont moins de charme. Les seules voitures « modernes » sont celles à plaque rouge, c’est-à-dire celle qui appartiennent aux loueurs-de-voitures –pour touristes.
Nous nous promenons dans la Habana Vieja, entre la calle (rue) Obispo, le Capitole, la Cathédrale de San Cristobal et la Plaza de Armas, tous d’architecture coloniale espagnole. La ville est complètement croulante mais a un charme fou. Les façades décrépies jaune, rose, bleue ou verte sont les témoins d’une époque très faste maintenant bien lointaine. Les balades sont très agréables, on a comme l’impression que le temps s’est arrêté. On se croirait vraiment dans Buena Vista Social Club.

Nous avions appris grâce à ce bon vieux Guide du Routard (qui sert à ça non ?) qu’il y a 2 monnaies à Cuba : la monnaie utilisée par les habitants, et la monnaie utilisée par les touristes, le CUC qui est directement indexée sur le US $ (vas comprendre…). Nous nous apercevons très vite que le sport national est la chasse aux CUC qui permettent aux Cubains d’acheter les biens en pénurie. Nous sommes donc des CUC sur pattes, en baskets, sac à dos à fleurs. Tous les touristes sont considérés comme des millionnaires, dans ce pays où certains biens de consommation qui nous paraissent courants, peuvent être difficiles à se procurer (les produits d’hygiène notamment)… et pas forcément à acheter. Ici, c’est la politique du troc, de la récupération, de la réparation et du recyclage en tout genre. Forcément, la société de consommation n’est pas passée par là et ça se voit ! Dans la grande rue commerçante du centre-ville, que le régime veut montrer comme la rue la plus représentative de la Havane, les boutiques ne proposent pas le dernier IPhone ni les dernières Louboutin, mais ces boutiques de luxes où on ne peut payer qu’en CUC offrent du savon, des balais, de la lessive…..et ici pas de coca-cola (embargo quand tu nous tiens).


Comme à nos habitudes (que nous ne changeons décidément pas !), nous allons au musée, juste à côté du Floridata. Tout est d’époque, comme tout depuis que nous sommes arrivés.

Nous nous baladons dans un quartier plus éloigné de la vieille ville, nous passons devant des hôpitaux, nous montons et redescendons des rues pour nous retrouver Plaza de la Revolución, encadrée par les portraits du Che et de Fidel accrochés à d’immenses immeubles tristes. Une fête s’y prépare, nous ne savons pas trop laquelle, mais les préparatifs vont bon train, il y a des tribunes, une scène, une foule de gens qui s’affaire.

Le lendemain, nous sommes le 1er mai et des défilés (et non manifestations !) ont lieu dans tout le pays. Celui de La Havane est le plus grand. Des fenêtres de notre chambre, nous pouvons voir l’immense cortège qui se dirige vers la place de la Révolution où nous étions hier, d’où la scène, les tribunes ou toute cette organisation ! Il y a des tas de bus (venus de tout le pays ?? en tous cas il y a des français, de mémoire 2000), une foule impressionnante se masse sur la place. Nous ne savons pas si Fidel ou Raoul se sont pointés mais nous supposons que non parce que nous les avons pas vus aux nouvelles télévisées locales.

Notre séjour se passe aux rythmes cubains, donc tranquillement dans cette ville totalement coulante au charme fou. On a une impression de figé. Depuis l’arrivée du régime on se rend bien compte que rien n’a été fait pour entretenir quoi que ce soit et que les cubains vivent de la débrouille. Nous nous baladons entre les différents monuments de la ville, le bord de mer où les Cubains se donnent rendez-vous et doivent du rhum local à la bouteille. Nous sillonnons la ville avec nos pieds, ok, mais aussi en vieilles voitures américaines superbes, en vétustes taxis aux sièges défoncés sans plancher et en rickshaws un peu dangereux. Bien sûr on doit tout payer en CUC. Les prix sont légèrement moins élevés qu’en France alors que le salaire moyen cubain est aux alentours de 20/30$ par mois. On se rend quand même compte que pour les cubains on est un peu des CUC sur pattes. Dans les restaurant par exemple la dame pipi te demande un CUC (soit +/-1 USD) et que donc elle gagne mieux sa vie qu’un médecin. Tient tant qu’on parle de restaurants, ceux-ci sont étatiques et servent une nourriture pas terrible, qui semble industrielle, assez peu variée et pas top. C’est un peu normal, le régime a décidé de miser sur la mono culture de la canne à sucre et doit donc quasiment tout importer, tout en luttant avec les contraintes de l’embargo.

Nous manquons malheureusement la visite de la fabrique de cigares Partagas mais entrons dans la boutique si vintage (ok, comme tout ici, vous l’aurez compris !).
Cependant, nous avons pu voir dans la rue des femmes qui roulaient des cigares sur leur cuisse. Ok c’est pour les touristes mais le geste ne change pas.


Le grand spectacle de La Havane se passe au Tropicana. En plus d’être une marque de jus de fruits (…), le Tropicana est EL cabareto de La Havane. Arnaud est à donf, comme toujours, moi déjà moins mais si c’est EL spectaclo de Cuba, bah vamos ! Oui, on commence à parler espagnol…
L’endroit est en périphérie de La Havane. Nous sommes presque les premiers à arriver. On nous accueille avec un œillet blanc pour moi et un cigare pour Arnaud. Ambiance… enfumée à priori ! Le lieu est non pas une salle de spectacle mais une scène à ciel ouvert, entourée de plantes tropicales. On est en pleine nature, sous les étoiles ! C’est magique. Le spectacle est évidemment composée de chants et de danses cubaines. On nous apporte une demi-bouteille de rhum Havana Club avec un coca local (bah oui, Coca-Cola et Pepsi, pas possibles à Cuba !) ainsi que des petites choses à grignoter. Ca va nous mettre dans l’ambiance ! Les danseuses et danseurs sont talentueux et le spectacle très dynamique. Les costumes sont très colorés et les coiffes des danseuses spectaculaires mais l’ensemble semble croulant : leurs vêtements ont quelques bonnes décennies, le service est cata, le repas également. Ok, on n’est pas venus pour ça mais compte tenu du prix du spectacle, le service pourrait au moins être correct.

Après quelques jours à la Havane (définitivement trop court), nous prenons la route vers Varadero, connu pour sa plage de sable blanc à perte de vue. Nous ne sommes pas déçus en arrivant : la plage est en effet splendide, la mer est turquoise et le soleil est là. L’hôtel est au-dessus de nos espérances. La chambre est immense, la vue superbe, le tout d’un goût adapté aux touristes… donc pas très local (malheureusement ou heureusement, à vous de juger !).
Nous passons ces quelques jours au repos, avec quelques escapades à Varadero, la ville la plus proche, qui finalement est plutôt agréable. Nous exigeons maintenant de nous déplacer en fameuses voitures américaines vintage aux couleurs pastelles. Nous profitons également allégrement de quelques Cuba Libre (rhum-coca local evidamente) dans un bouiboui en bord de mer, dans l’ambiance locale et avec des chips de bananes plantains. Ce n’est pas ça la vraie vie ! Bon en fait pas tant que ça, car Varadero n’est pas autorisée au Cubain, sauf avec un laissez passé…

A très bientôt pour de nouvelles aventures, vintage ou pas.

A&A